L’angoisse de séparation
Peut-on apaiser l’angoisse de séparation de l’adulte ? Oui, si tant est que l’on identifie ce trouble anxieux qui se révèle un handicap sur les plans affectifs et sociaux. Il est peu valorisé dans notre société d’êtres dépendants, ce qui induit souvent que l’on mette du temps à accepter d’être atteint « d’abandonnisme ». La thérapie est pourtant une voie possible pour sortir de cette souffrance qu’est la peur de l’abandon, qui, plus qu’une autre certainement, a pris racine dans l’enfance. Pascal Couderc, psychologue et psychanalyste à Montpellier et Paris, vous informe sur ce trouble psychologique.
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Freud et l’angoisse de séparation
Freud, dans son ouvrage intitulé Inhibition, symptôme et angoisse, attribue la source de l’angoisse à la séparation, du moins à sa crainte et à la peur de la perte d’objet de désir (à l’origine l’amour de la mère).
Selon lui, l’angoisse est un état de détresse psychique du moi devant un danger qui le menace. Danger qui réveille la détresse psychique et biologique éprouvée par l’enfant en l’absence de sa mère, personne aimée et ardemment désirée. Freud fait donc de la crainte de la séparation le prototype même de l’angoisse.
Par la suite, lorsque l’individu se met à la recherche de nouveaux objets, il cherche non seulement à trouver un objet, selon Freud, mais à retrouver l’objet originel perdu (« paradis perdu »), qui avait autrefois apporté une satisfaction réelle.
Lorsqu’on parle de séparation dans un contexte de relation entre personnes, l’angoisse de séparation normale correspond au sentiment douloureux de crainte éprouvé par un individu lorsque la relation affective, établie avec une personne importante de son entourage, se trouve menacée d’interruption ou est interrompue.
Il peut s’agir d’une interruption par suite de la perte du lien affectif (perte d’amour) ou d’une rupture consécutive à une perte réelle de la personne importante. On parle plutôt de séparation lorsque la perte est provisoire, et de perte lorsque celle-ci a un caractère définitif. Cependant, les fantasmes de séparation tendent à se confondre avec ceux de perte, et la séparation est alors vécue comme une perte.
Les symptômes d’une angoisse de séparation chez l’adulte
Les personnes atteintes d’une angoisse de séparation ont intérêt à connaître les symptômes associés à ce trouble obsessionnel. Le but est de mieux comprendre que l’apparition de ses manifestations n’est pas objectivement liée à la réalité, mais à des déclencheurs émotionnels intimes. Le sujet doit donc être attentif aux symptômes suivants :
- des crises d’angoisse qui surviennent lorsqu’il est loin de ses proches ;
- des crises de panique à l’idée (irrationnelle) qu’il ne leur arrive quelque chose ;
- une certaine phobie sociale ou un malaise à sortir de chez soi ;
- des attaques de panique, des changements d’humeur et des crises de larmes ;
- des symptômes physiques tels que : insomnie, palpitations, maux de ventre fréquents, maux de tête, nausées…
Tous ces symptômes ne s’expriment pas en même temps. Cependant, plusieurs d’entre eux exprimés conjointement permettent de conclure à une angoisse de séparation de l’adulte.
Bien souvent, elle peut subvenir à la faveur d’une nouvelle relation amoureuse. En rencontrant un partenaire qui donne l’impression de combler des vides affectifs existants, le sujet en conçoit un attachement excessif qui va dériver vers une peur de l’abandon, chaque fois que l’objet de désir s’éloigne.
Cette sensation particulièrement désagréable est invalidante. Elle rend la personne dépendante et peut affecter sa vie sociale dans son ensemble. Une angoisse profonde liée à une angoisse de séparation génère un risque dépressif certain.
Il est par conséquent recommandé de parler de ce problème dans un premier temps à son médecin traitant. Celui-ci peut orienter vers un thérapeute spécialisé dans ces types de troubles. L’approche comportementale est certainement la plus utilisée aujourd’hui. D’autres méthodes axées sur la relaxation, la respiration et la maîtrise des pensées négatives gagnent du terrain aujourd’hui.
L’anxiété de séparation : phénomène universel
L’angoisse de séparation de l’adulte
Les troubles ressentis sont si proches et si familiers que nous devons presque faire un effort pour nous apercevoir qu’une angoisse de séparation est en nous.
Pensons simplement à ce que nous disons lorsque nous accueillons ou nous quittons des amis ou des proches. « Je me réjouis de te revoir, je te croyais disparu, j’étais inquiet de ne plus recevoir de tes nouvelles… ne me laisse pas seul… »
À travers ces mots, nous exprimons dans les circonstances apparemment les plus banales, un besoin fondamental de relation affective en même temps qu’une nostalgie à la pensée de quitter une personne chère. L’anxiété de séparation traduit donc l’émotion douloureuse – plus ou moins consciente – qui accompagne la perception du caractère éphémère des relations humaines, de l’existence d’autrui et de notre propre existence.
Mais en même temps, c’est une émotion structurante, car percevoir la douleur de notre solitude nous fait prendre conscience d’une part que nous existons en tant qu’être seul et unique par rapport à autrui, et que autrui est différent de nous. C’est ainsi que l’angoisse de séparation fonde notre sentiment d’identité aussi bien que notre connaissance de l’autre.
Lorsqu’elle est apprivoisée, l’angoisse de séparation devient source d’élan de vie. Car apprivoiser la solitude, ce n’est pas supprimer l’angoisse, mais apprendre à y faire face et à l’utiliser pour la mettre au service de la vie.
Alors, se sentir seul signifie prendre conscience qu’on est soi-même unique, que l’autre est également unique, et le lien de relation qu’on entretient avec soi-même et avec autrui devient infiniment précieux.
L’angoisse de séparation chez l’enfant
Chez le jeune enfant, les peurs liées à la séparation font une vive apparition autour du 8e mois. L’enfant va ressentir de l’anxiété et exprimer des réticences à quitter les bras de sa mère.
Cette étape est normale et importante, car c’est à ce moment-là qu’il apprend à comprendre que les choses peuvent disparaître en continuant d’exister. Les psychologues pour enfant ne cessent d’ailleurs de vanter, à ce propos les vertus des jeux de cache-cache.
Le rôle des parents dans la construction d’un lien sécurisant est censé permettre à l’enfant d’acquérir pas à pas son autonomie pour s’émanciper peu à peu. Une incapacité à couper des liens plus tard, est souvent déjà l’indice d’adaptations manquées à cette étape de la petite enfance.
Vous souffrez d’une peur de l’abandon ? Il existe des solutions, pour en guérir. En cabinet ou en ligne, Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue à Montpellier et Paris, travaille avec ses patients sur les problématiques d’angoisse de séparation, de mort ou de castration. N’hésitez pas à prendre rendez-vous.