L’angoisse de castration

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L’angoisse de castration est étroitement liée à la résolution du complexe d’Œdipe. Celui-ci apparaît au cours du troisième stade, dit aussi « stade phallique « (3-5 ans), de l’évolution de l’enfant. Le mythe de « l’innocence de l’enfant », accepté depuis longtemps, fut bouleversée par la théorie psychanalytique et notamment grâce à la psychologie freudienne. En découvrant la sexualité infantile, elle décrivit le développement sexuel de l’enfant, comme passant par différents stades appelés encore stades libidinaux. D’un point de vue analytique, le complexe de castration, traumatisme lié au complexe œdipien, serait aussi la source de toutes nos névroses.

Le complexe d’Œdipe : terreau de l’angoisse de castration

Les stades libidinaux

L’angoisse de castration est indissociable du complexe de castration. Il faut noter que la succession théorique des stades qui président à ce complexe, n’est pas limitée et fixée dans le temps. Elle est caractérisée par des périodes, plus ou moins longues, selon les enfants.

Le premier stade est dit oral, le second anal ou sadique-anal, le troisième phallique, le quatrième dit phase de latence et le cinquième enfin, dit stade génital.

Vers 3/4 ans l’enfant met en place une manipulation des organes génitaux. Il fait la découverte de son sexe. Il commence par découvrir le plaisir érotique cutané qu’il obtient grâce aux attouchements : c’est la période de la masturbation infantile directe ou indirecte, obtenue par une excitation comme un frottement de cuisse, par exemple.

Le complexe d’Œdipe du garçon

Le petit garçon remarque à cet âge l’absence de pénis chez sa mère. Il commence d’abord par nier l’évidence. Puis, lorsqu’il accepte cette idée, il a peur de perdre le sien : c’est « l’angoisse de castration ».

Cette angoisse est d’autant plus grande que ses parents ne manquent pas de lui interdire de manipuler sa verge, ou du moins de l’en dissuader. L’enfant a peur d’une punition brutale qui consisterait à lui couper son pénis.

Le complexe d’œdipien chez la fille ou complexe d’Électre

La petite fille, elle, n’a pas peur de perdre son sexe, mais elle est jalouse. Elle aurait aimé aussi être pourvue d’un phallus : c’est « l’envie du pénis ». Elle cherche auprès de son père à l’acquérir ou du moins à obtenir ce qu’elle ressent comme un équivalent : un enfant.

Chez la petite fille, les problèmes sont beaucoup plus compliqués. À cet âge, l’enfant (garçon ou fille) ne connaît qu’un seul organe génital : le pénis. En effet, le vagin n’est découvert qu’aux approches de la puberté. La différenciation des sexes ne peut être faite que par rapport au pénis : peur de le perdre chez le garçon, désir de l’acquérir chez la fille.

La petite fille voit, elle, dans le clitoris comme un commencement de pénis, qui va grandir après-coup. Chez elle, l’angoisse de castration est donc redoublée. D’une part, l’angoisse de ne pas avoir de pénis : il lui manque un attribut essentiel, elle n’est pas un garçon. D’autre part, l’angoisse inconsciente de devoir attendre – jusqu’à quand ? – la compensation inconsciemment escomptée du clitoris grandi.

Cette découverte de la différence anatomique des sexes s’accompagne d’une grande curiosité sexuelle et d’un intérêt pour les mystérieuses activités des parents dans leur chambre. Le problème de la fécondation commence à se poser. Comment les enfants viennent-ils au monde ? L’enfant imagine la vie sexuelle de ses parents comme une activité agressive, sadique, dans un rapport de dominé-dominant. C’est le « fantasme de la scène primitive ».

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L’angoisse de castration : c’est quoi ?

Le complexe de castration

La naissance du complexe de castration se fait parallèlement à une autre découverte. L’enfant se rend compte de la relation triangulaire qui existe entre lui et ses deux parents. Il s’aperçoit que la mère éprouve un sentiment tendre envers le père et que lui-même n’est pas le seul objet de préoccupation de sa mère. Cette découverte marque l’entrée dans le « complexe d’Œdipe ».

L’agressivité, la jalousie marquent les rapports du garçon avec la figure paternelle. Sa préoccupation principale est de devenir l’unique objet du désir affectif de la mère. Le père est un rival plus ou moins dangereux qui occupe la place convoitée dans le lit maternel. Une sorte de rivalité s’instaure entre le petit garçon et son père. C’est celui des deux qui sera le plus fort, le plus grand, le plus rapide à la course, etc.

Cette compétition représente un déplacement inconscient de la rivalité sexuelle. Lequel des deux a le pénis le plus intéressant pour la mère ? L’enfant cherche en même temps à être comme son père et à l’écarter. Il éprouve la crainte que son père ne le punisse et ne lui supprime son pénis.

Ces sentiments ambivalents sont donc doublés d’une angoisse de castration. Cette angoisse peut être telle qu’elle bloque tout désir de compétition. Il s’installe alors une sorte de soumission passive au père.

Puis l’admiration prend le relais.

La relation du complexe de castration avec l’Œdipe est complète :

  • il ouvre l’équivalent du complexe d’Œdipe, soit le complexe d’Électre à la fille qui commence à désirer le pénis paternel ;
  • il clôt l’Œdipe du garçon en venant arrêter le désir vers la mère puisqu’il serait puni par le père.

Ces deux notions jouent un rôle fondamental dans la structuration de la personnalité et dans l’orientation du désir humain et de ses pulsions (libido). Les psychanalystes en font l’axe de référence majeur de la psychopathologie.

Névroses et angoisse de castration

L’expérience très intense du complexe de castration peut se réveiller chez l’adulte de façon non consciente, sous forme d’angoisse de castration. L’enfant qui n’aurait pas réussi à renoncer à être le phallus de la mère, pouvant plus tard développer une angoisse, non seulement relative à son sexe, mais à son intégrité complète. Une souffrance psychique qui rappelle celle d’une angoisse de séparation.

Freud affirmera : « Le complexe de castration est l’expérience du trauma le plus fort de la jeune vie du garçon. Les effets de la menace de castration sont multiples et incommensurables. Ils concernent toutes les relations du garçon avec son père et sa mère, plus tard avec l’homme et la femme de façon générale ».

L’expérience psychanalytique place l’angoisse de castration au-delà de tout doute et nous invite à y reconnaître la clé de nos névroses.

Une analyste comme Françoise Dolto a trouvé d’autres applications à cette angoisse liée au fonctionnement psychique de l’enfant. Elle y voit l’un des déterminismes d’une névrose comme l’échec scolaire chez les garçons. Ceux-ci seraient bloqués du point de vue pulsionnel dans leur curiosité intellectuelle, par peur d’égaler le père, notamment dans les apprentissages du calcul, associés dans l’inconscient aux rapports de supériorité, d’infériorité et de différences.

À distance en visioconsultation ou dans son cabinet, Pascal Couderc, psychanalyste à Montpellier et Paris, travaille avec ses patients sur toutes les problématiques d’angoisse, comme l’angoisse de castration ou l’angoisse de mort.